Une réflexion, un point de vue, une critique en contre point du discours ambiant:
Caractéristiques du schtroumpf émergent
Formatés en Ecole des Beaux-Arts pour la
plupart, les schtroumpfs émergents sont des sortes de petites
mécaniques de pure conceptualité, décébrées et désensibilisées,
porteuses hyper performatives de la parole du prophète. Ils sont tous
programmés pour interpeller, interroger, provoquer la réflexion en tous
lieux, à partir de tout et de n’importe quoi… Des sortes de petites
têtes chercheuses, genre têtards libérés comme ça, sans aucun contrôle,
dans la nature, à la recherche de leur contenu disparu et du sens de
leur vie. Petites mécaniques masturbatoires d’intellect dont les piles
doivent sans cesse être rechargées avec l’argent public. Le schtroumpf
est dans un perpétuel état de questionnement eschatologique, onanistique
et frénétique. Il «convoque», «interpelle», «interroge», «subvertit»
tout ce qu’on peut imaginer: l’espace d’exposition, l’espace public,
l’espace tout court, l’institution, l’histoire de l’art, la critique
d’art, la peinture, les codes de la représentation, le ready made, la
poêle à frire, la notion de déplacement, ce qui se passe entre
visibilité et opacité, le pourquoi quelque chose plutôt que rien, la
dimension métaphysique du cassoulet, le centre, la lisière, le plein, le
vide, l’absence… Le rapport au temps qui passe, à l’espace, au cosmos,
au langage et à la communication, à l’art sur l’art, au corps social,
aux cors aux pieds, à l’urbanité et aux ploucs, au politique, au
religieux, à l’architectural, à l’iconographie contemporaine, etc, etc….
Une sorte de kamikaze décérébré
Le schtroumpf émergent est donc une
sorte de kamikaze décérébré et programmé pour le sacrifice à la cause
artistique d’État, elle-même liée structurellement à la cause de la
grande spéculation financière mondiale. C’est un peu comme ces jeunes
talibans, étudiants en théologie, sortant des écoles coraniques,
parfaitement lobotomisés et analphabètes mais redoutablement armés pour
défendre et promouvoir leur ignorance et leur vide cérébral.
Le Schtroumpf émergeant ne sait pas
dessiner ni peindre. Il bricole tout juste. Il est parfaitement inculte
en histoire de l’art, hors celle qui concerne ses référents. Il est
puissamment armé en arguments rhétoriques d’une extrême sophistication,
qu’il peut répéter mécaniquement ; et qui lui permettent de justifier
son engagement socio-esthétique, sa lutte contre le vilain bourgeois
réactionnaire, sa volonté farouche de déconstruire les modèles, de
dénoncer la ringardise, de faire exploser les conventions, les codes,
les icônes, etc. ; et de fusiller sur le champ les mécréants qui osent
douter de la pertinence de ces inepties. C’est un vrai révolutionnaire
terriblement subversif et hautement performatif, une bombe conceptuelle
capable de faire péter les icônes, comme les talibans les statues de
Bouddha. par Nicole Estérolle.